Arrivé en septembre 1980 à Paris, inscrit au foyer Guy Patin (rue Guy Patin) avec mon frère et inscription en Droit à l'université de Paris-Villetaneuse (Paris VIII)
Je ne sais pas à quel moment mais
je compris très vite que ce n'était pas pour moi...
L'année 1978 finissait, l'affaire de mon père commençait a Tanger, il était en prison, il avait détourné des fonds et fait des faux pour jouer
au casino, environ pour 200 000 francs (1978). Mon grand-père nous demandait à mon frère et à moi de venir vivre chez lui à la rue de l'abbé Roussel.
C'est ainsi que nous avons été informé.
L'avocat de mon père, Maitre Cherif, choisi par mon grand-père et Abassi, une éminence grise, associe des hôtels ancienne connaissance de mon grand-père, qui mettait la pression sur ce dernier "je l'ai engagé pour vous
faire plaisir" lui disait-il...
Ils avaient confisque les passeports de mes parents.
Mon grand-père féru en affaire avait exigé que le passeport soit rendu à ma mère et qu'elle vienne a Paris avant de négocier.
Il obtint satisfaction, mon père fit dire par son avocat: dites-lui (à mon grand-père) de me sortir de là ou je dis tout, l'avocat précisa, il a insisté, il dira tout...
Quoi, que dira-t-il?
J'avoue
que je pensais alors comme beaucoup que mon grand-père avait des amitiés louches, des gangsters, on disait bien qu'il connut Lucky Luciano et d'autres mafieux, ne disait-on pas aussi qu'il était mêlé a l'affaire du Combinati?
La réalité c'est qu'après-guerre et pour services rendus il avait eu et obtenu d'être le distributeur Philips Morris et autres fournisseurs de blondes américains pour l'Afrique du nord, l'Espagne et les Canaries. De Tanger
il fournissait les bateaux mais en toute légalité, le reste était du ressort des trafiquants.
C'est pendant cette période que je passais du droit a...la cuisine, et je m'inscrivis à l'école Lafon Ricard, dans
la rue vieille du Temple.
En même temps venait l'attrait de la vie parisienne, j'avais 18 ans.
Fin 1979, la transaction fut faite et mon père sortit de prison, mon grand-père paternel était hospitalisé. Et mes
cousins et moi passâmes le réveillon du Nouvel an au Palace de Fabrice Emaer, disco Paillettes mur de néon et piste de danse lumineuse- A la tv Line Renaud chantait Copacabana et Sheila Spacer avec les B devotion. Les lasers les fumigènes...Magique
Retour à Guy Patin et c'est là que je compris une première fois mais pas dans le bon sens...
C'était une histoire dans un relie cuir du Reader's digest qui trainait dans la chambre, une histoire de détectives d'assurance...
Une américaine fortunée qui met au monde un enfant, qui très vite est atteint de bilirubine qui est sauve in extremis mais dont le cerveau est désormais atteint.
Le détective découvre que l'épouse
avait eu une précédente liaison qu'elle était tombée enceinte mais qu'elle avait avorté, le père était noir.
Le problème c'est qu'elle était de groupe sanguin négatif, et qu'elle
avait commencé à fabriquer des anticorps, ces anticorps avaient attaqué le système immunitaire de son second enfant, d'où la jaunisse et les séquelles, l'anémie hémolytique du nouveau-né...
Ma mère était 0 Rhésus négatif...elle avait eu mon frère et entre lui et moi plusieurs fausses couches et un enfant né à terme, difforme mais mort dans les minutes suivantes sa naissance...
Que s'est-il
passé, un miracle? quoi qu'il en soit mon père vint a Paris début 1980, ma mère repartit seule pour Tanger. Mon père trouva assez rapidement un travail dans une compagnie tenue par une fratrie, les Boukris, il se trouvait
que leur mère était née Sillam.
Cette année-là, je tombais malade
Un matin je ne pouvai plus bouger, un médecin vint et pensa a une méningite, je fus hospitalisé a Lariboisière -
Une série d'examen, mon père qui vint me rendre visite, lui qui n'était même pas venu à l'enterrement de son propre père..
La chambre commune avec ses gémissements, ce petit vieux en face de mon lit qui
me demanda un jour si je pouvais lui prêter ma robe de chambre. Moins d'une semaine plus tard et 15 kg de moins j'étais définitivement remis - Pas de méningite détectée, je signais une décharge et sortit.
Fabienne et Brigitte
Ces deux sœurs que je connus à Tanger et c'est grâce a Fabienne que je m'inscrivis aux arts Plastiques de la Sorbonne...