Je compris dans cet avion qui me menait vers ma nouvelle vie, que personne n'avait fait son Alliah aussi rapidement, moins de 2 mois
pour moi, et surtout j'étais aussi le seul à n'être jamais venu en Israël avant.
Je mentais sur mon âge, j'avais la chance de paraitre beaucoup moins, alors j'en profitais.
Je fis connaissance avec Alain le jour où
j'allais chercher mon billet chez El Al, rue des Capucines et Sylvia une fille disons spéciale, folle quoi, a l'aéroport dans la salle d'attente, elle se faisait déjà remarquer en parlant fort, ce type de femme je le croiserais
souvent dans ma vie en Israël, toujours à des moments clés, a des moments critiques de grande décision.
Dans l'avion je fis connaissance d'un couple de retraites, les Fitoussi, le mari me demanda:
"-Parlez-vous l'Anglais?
-Oui
-Alors vous êtes perdu, en Israël tout le monde parle l'Anglais, il vous sera difficile d'apprendre l'Hébreu."
Pendant les 4 heures du trajet je pensais a ce que m'avait dit Alain Amar:
"-Finalement, "Il" ne voulait
pas de vous"
Il avait raison, je pensais aussi a l'hallucination du 14 Aout 2004, au fond 3 sur les 4 images et promesse que j'avais vues et faite s'étaient réalisées: la panne de New York, la dispute avec mon frère, et mon
Alliah, il restait les tremblements de terre du Caire et d'Alexandrie.
Je souriais et appréhendais un peu cette nouvelle vie, j'avais été fou, je ne connaissais personne en Israël, je n'avais que 100 Euros en poche, comment allais-je
m'en sortir? "Je vendrai mes papiers Français s'il le faut!" après tout la France m'avait trahie, c'est seulement quelques-uns de ses fils et filles qui m'avaient sauve. Je devais changer mon nom, je savais que je prendrai celui de ma grand-mère
paternelle, Weiss, la grand-mère que je n'ai jamais connue, celle qui avait quitté mon grand-père pour son patron, alors le gérant de la fabrique des chaussures André, à Tunis. C'était une histoire cruelle,
le soir de kippur en cette année 1933, à Tunis mon grand-père (contre maitre des chaussures André) partit a la Synagogue avec son ainé, mon père Guy âgé de 2 ans, son épouse était restée
a la maison pour s'occuper du dernier ne, Joseph (plus tard surnomme Roger).
Quand ils revinrent à la maison, Rachel Vaiss Sillam avait quitté le domicile avec son bébé.
Le divorce fut prononce après un arrangement
avec le futur mari de ma grand-mère, il lui rendrait la liberté si elle lui rendait son dernier fils. On ne sut jamais si le père était mon grand-père ou le futur mari, mais un jour il vint avec le bébé dans
les bras qu'il remit à mon grand-père, et l'accord du divorce fut trouvé.
J'ai entendu que mon grand-père Elie Sillam, avait essayé de finir avec la vie, il fut sauve, mais y perdit l'audition.
Il épousa
en secondes noces, Suzanne qui était la couturière de ma grand-mère, une petite femme adorable, qui éleva mon père et son frère, et donna 3 filles à mon grand-père.
Mon père raconta qu'un
jour en sortant de l'école une dame l'attendait, elle était jolie, elle lui dit en pleurant "Je suis ta mère, viens avec moi!
-Ma mère est à la maison, lui répondit-il"
Il raconta cette histoire sous l'air
catastrophé de ses parents qui pleurèrent.
Cette histoire je l'appris par hasard a Tanger, en lisant dans le livret de famille de mes parents, je demandais à ma mère: "Ma grand-mère s'appelle Vaiss?
-Je dois te
raconter un secret..."
Elle me raconta le divorce, l'abandon, qu'elle était très jolie, etc...
C'était décidé, mon nom serait Weiss, comme ma grand-mère Vaiss et mon prénom Erick, mon deuxième
prénom.
En arrivant au-dessus d'Israël le commandant de bord nous invitait à regarder par les hublots du cote gauche de l'appareil les lumières de Tel-Aviv, ce fut un grand coup de foudre, je compris que je ne
repartirai plus.
A l'aéroport de Lod nous fumes tout d'abord accueilli par un orchestre de religieux qui nous jouèrent la Marseillaise à leur façon, ce fut drôle et émouvant.
Passée
l'émotion du luxe du nouvel aéroport de Lod nous fûmes emmenés vers la salle d'attente de l'ancien aéroport où un agent d'immigration enregistrait notre arrivée et nous remettait notre carte d'identité
Israélienne et notre premier "Sal Klita" Première aide à l'arrivée en Israël, un panier en espèces de 1500 shekels par mois (312 Euros) que nous recevrions pendant 1 an.
Alain, Sylvia et moi allions
dans le même foyer d'intégration, le "Beit Canada" a Ashdod, ou il avait été prévu avec mon agent d'Alliah que je ne passerai que 2 mois, le temps de trouver quelque chose à Tel-Aviv.
Je me souviens
de cette nuit froide du 28 décembre ou nous attendions chacun notre taxi qui avait pour mission de nous emmener a Ashdod dans ce nouveau foyer.
Lorsque j'arrivai devant la chambre que je devais partager avec un inconnu, la porte restait
fermée, je redescendais voir le portier qui remonta avec moi puis tapa à grand coup contre la porte qui finit par s'ouvrir et là je vis un homme hirsute. Je posais mes bagages puis nous nous sommes retrouves tous les trois pour remonter
la rue principale en face du foyer. Le temps était froid, tout le contraire de ce que je pensais trouver en Israël.
Je compris dès le lendemain que la cohabitation avec le colocataire serait problématique, en effet alors que
le temps maximum imparti pour chacun des Olim Hadashim dans un foyer d'absorption est de 6 mois, celui-ci s'était incrusté depuis plus d'un an et personne n'arrivait à l'en déloger.
Alors je descendais et demandait
à la direction a passer en colocation avec Alain, ce que j'obtins sur le champ.
Je remontais dans ma chambre et déménageais dans la chambre d'Alain.
Nous avons passé le premier du jour de l'an dans un bar a Ashdod, j'avais gagné mon pari personnel de passer ce jour en Israël.
Dès le Dimanche
suivant les cours d'hébreu a l'Ulpan (Studio ou classe) commençaient, et même si j'avais appris l'hébreu phonétiquement pour ma Bar mitzvah bien des années auparavant, je découvrais un nouvelle langue et découvrais
aussi qu'ici la semaine commençait le Dimanche et non le Lundi, le "shabbat" commençait le Vendredi soir durait 2 jours, Vendredi et Samedi. Shabbat ce nom qui pour les occidentaux revêtait quelque chose de sulfureux, ici en Israël
ne voulait dire que Samedi et signifiait jour de repos, comme le Dimanche en Europe.
Je découvrais aussi un pays jeune, une
vie économique loin des conflits que les medias en France nous assenaient tous les jours, ici la vie était une réalité.
Je reçus dès le Dimanche quelques coups de fils sur mon Talk man Français, Olivier Allouin que j'avais revu au dépôt avant mon départ, Kada, mon dernier amant, et Anthony M. l'homme clé de ma dernière
partie de vie.
Je revoyais Anthony au café Hillel à Tel-Aviv, avenue de Rostchild, c'est la première fois
que je venais dans cette ville.
C'est lui qui me fit connaitre le bar Evita, cette même nuit, puis me parla de la soirée du Vox, en vogue à l'époque qui
avait lieu ce même soir au Dôme, une boite.
Je m'y rendais et y passait la nuit.
Le choc, jamais je n'avais une telle concentration de beaux garçons, ni
à New York ni à Paris.
Un bel homme vint a moi, me parla en hébreu, je lui répondis en Anglais, alors il me dit:
"I want to fuck you
-Not tonight my dear!"
Il repartit bredouille
Je me souviens
de ce beau brun crâne rasé, tout fin, viril mais complètement ivre qui quittait le Dôme, mais revint vers moi et me dit que j'étais beau.
Je lui souris, il repartit, mais revint et nous sommes embrassés, très
longuement, il partit enfin.
Je ne le revis plus jamais, mais il me redonna confiance en moi.
Le lendemain je prenais un petit déjeuner au max Berner, le chocolat bar, sur Rothschild, je découvrais ainsi ce concept que je
ne connaissais pas en France, un restaurant bar pâtissier entièrement consacre au chocolat. Je voyais autour de moi des familles attablées, 3 générations, des grands parents aux petits-enfants, j'étais heureux de les
voir.
Il était temps de retourner à Ashdod.
Je repris contact avec Chrys et Sam toujours par l'intermédiaire des sites internet.
Chrystophe, je me souviens de la dernière fois ou je l'ai vu, quand je lui ai
annonce mon départ définitif:
-"Tu vas sauter sur une bombe!"
Et Sam qui me demandait si je revenais auprès de lui.
Apres ma première soirée à Tel-Aviv, les ragots commencèrent:
-"C'est
un pd!"
Puis j'ai eu cette altercation avec un jeune, qui voulait s'incruster dans notre chambre, les coups ont fusé, je savais que pour réussir en Israël, je devais m'imposer et je n'avais plus rien à perdre. Je gagnais cette
bagarre, mais je compris que je devais trouver au plus vite comme prévu un logement a Tel-Aviv, alors je m'y rendis un jour d'Ulpan, j'avais prévenu bien sûr que je ne viendrai pas ce jour-là, et je me rendis dans le bureau de l'Unifan,
une association d'aide aux nouveaux immigrants d'origine Française, avenue King Georges.
C'est là que je connus Fabienne van Damme, une grande blonde que tous les Olim ont connu de 2005 à 2008.
Je lui racontais que je recherchais
un logement et un travail, elle appela une de ses connaissances, Yanniv ben S. avec lequel je convins d'un rendez-vous, pour la semaine prochaine.
J'étais sur le chemin de retour quand je reçus un appel de Fabienne, elle m'avait trouvé
un logement, elle me donna un nom: Jorge, un argentin, et m'expliqua qu'il recherchait un colocataire.
Ma rencontre avec Yanniv eut lieu le jour de ma visite de l'appartement rue Har Tzion, chez Jorge, ou je m'étais rendu avec une fille du foyer
d'absorption. Comme tout ce que je voyais dans le centre de Tel-Aviv, cet immeuble aussi était lèprè, je ne faisais pas encore la différence entre beaux quartiers et mauvais coins. J'acquiesçais pour la Colocation et nous
fixions le déménagement pour la fin du mois de Février.
Yanniv, ce fut un nouveau coup de foudre impossible, il était beau, mais straight donc rien a envisager du cote sexuel, cependant nous avons eu quelque chose d'assez fort
intellectuellement, et une amitié est née.
Il co dirigeait une agence de publicité, avenue Ibn-Gavirol, il habitait Netanya, comme lors de l'entrevue je lui dis que je me plaisais en Israël, et que j'aimais les sorties, il avait
semble intrigue par cet homme qui ne connaissait personne et qui arrivait déjà à sortir dans les endroits les plus fermes de Tel-Aviv, il me proposa de nous revoir plus tard.
Je l'attendis rue Allenby, et nous sommes sortis, il m'emmena
dans un restaurant, semi branché. Nous avons beaucoup parlé et il me proposa de dormir chez lui, il était déjà très tard, je dormis dans la chambre d'amis.
Le lendemain il me raccompagna à Tel-Aviv, ou
je pris un bus pour Ashdod.
Là je retrouvais la fille du foyer, la deuxième fille spéciale que je devais rencontrer en Israël...elle me demanda:
-Alors?
Je lui dis que j'avais trouvé et du boulot et un appartement
-Je suis sûr que le vieil homme (Jorge) est un homo!
-Mais non!"